mardi 5 juillet 2011

A Borce, autrefois…

La montée des troupeaux aux estives avait lieu le jour de la Saint-Jean, premier jour de l’été et la descente à la Saint-Michel (fête patronale de Borce et de Bedous) au tout début de l’automne. Le jour de la Saint-Jean, mon père amenait les vaches au pâtre communal à Belonce et, le lendemain, commençait à faucher les foins, ne posant la faux qu’à la Saint-Michel.
Les bêtes, équipées la veille de grosses sonnailles « métaous et esquiros de route » avaient compris que le jour de l’estive était enfin arrivé. Toute la nuit meuglement et bêlements retentissaient et, au lever du jour, les troupeaux se hâtaient vers les estives. Les bêtes se hâtaient et n’avaient besoin de personne pour les guider. Elles montaient vers les « couyalas » où les bergers les accompagneraient plus de trois mois, dormant dans des cabanes primitives de vingt mètres carrés encombrées par trois pasteurs, chiens labrits et pastous, trois chaudrons à fromages et une douzaine de cruches à lait. Devant la porte sommeillaient les ânes et grognaient six porcs engraissés au petit lait.
Montée bruyante dans le tintamarre des cloches, les cris des bergers et les aboiements. La famille accompagnait le berger et montait sur trois ânes le paquetage pour l’été. Cruches et chaudrons à fromages, matelas et couvertures, sac de 50 kg de sel dont les bêtes étaient friandes, vêtements du berger et premières provisions dont un demi-jambon, des patates et une cruche pleine de vin. Les ânes pliaient sous des charges de 100 kg, suivis de deux cochons et du berger parapluie bleu en bandoulière et qui redressait la tête en passant dans les villages.
Après une montée harassante de dix heures, bêtes et gens arrivaient à la vesprée dans la cabane commune à trois bergers. On installait les paquetages, on faisait un grand feu pour le premier souper de fête pendant que le berger trayait les brebis pour le premier fromage d’estive. On faisait enfin le repas du soir de l’estive, préparé par les femmes qui serrées sur le bas flanc à côté des hommes passeraient la nuit à l’estive.
On se bâfrait, on buvait une partie de la nuit et l’on chantait bien entendu, « Ma près per fantesio, aouan dem ha Pastou. Ben hey la grand houlo cuan pringou y lou bastou ».
Et l’étoile du Saint, veillait sur bêtes et gens.

Jean-François Bayé-Pouey, Oloron

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