mardi 5 juillet 2011

Sonnailles

Sonnailles…
quelles belles sonorités dans ce mot qui tinte à différents degrés, de l’aigu au grave ! Quelles images bucoliques elles déclenchent !

Alors qu’une cloche ne dégage pas de poésie a priori et parfois même induit une certaine médiocrité. Une cloche ne se suffit pas à elle-même : il faut préciser. De la clochette agitée par l’enfant de chœur au bourdon de Notre Dame, il existe une gamme infinie de cloches. Même si elles honorent les églises et sont là pour appeler le troupeau et l’inviter à entrer ou à sortir du saint lieu.

Les cloches sont aussi des avertisseurs sonores utilisés dans les prisons, les usines, les écoles. Mises un peu à toutes les sauces, elles sont prosaïques mais structurantes. Elles n’emmènent pas au pays des rêves.

Les sonnailles, elles, nous rattachent aux temps bibliques, à ces paysages paisibles et bucoliques où les bergers faisaient tranquillement paître leurs troupeaux, surveillant leurs bêtes et contemplant le spectacle de la nature, juste rythmé par un tintement de ci, un tintement de là.

Sur les mosaïques et les fresques qui ont traversé le temps on peut voir des évocations de ces moments paisibles. En les regardant, il arrive qu’une sonnaille tinte pour nous ramener à une autre réalité.

La sonnaille, c’est l’évasion.
Pour les bêtes également, avoir les sonnailles au cou signifie partir, quitter l’étable, trouver la liberté après les efforts de la monté, la liberté de brouter une autre herbe, plus parfumée, plus variée.

Les sonnailles font battre le cœur du troupeau, comme le cœur des bergers.

On les conserve précieusement à la cuisine de la ferme. Ce sont des reliques qui témoignent du passage sur terre des précieux auxiliaires des hommes. Dans chaque troupeau, il y a des bêtes dominantes qui portent des sonnailles plus importantes : ce sont les meneuses, elles conduisent le troupeau. Pour ces bêtes-là la sonnaille est comme une médaille de baptême.

La coutume veut que l’on donne une sonnaille en cadeau de première communion : est-ce pour symboliser l’appartenance au troupeau des croyants ? Est-ce pour susciter des vocations de berger ?

Franz Gebrig Bordères

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